18/10/2016 — 15/01/2017

L’exposition

Le Jeu de Paume confie la totalité de ses espaces au philosophe et historien de l’art Georges Didi-Huberman pour une grande exposition réunissant à la fois des œuvres anciennes et contemporaines.

Depuis près de dix ans, la programmation des expositions du Jeu de Paume s’est élaborée avec la conviction que les musées et les institutions culturelles du XXIe siècle ne peuvent se désintéresser des défis sociaux et politiques de la société dont ils font partie.

L’exposition « Soulèvements » est une interrogation sur la représentation des peuples, au double sens esthétique et politique. Comme pour l’exposition « Atlas », Georges Didi-Huberman s’appuie sur le travail historique et théorique qu’il mène depuis quelques années en parallèle d’une série d’ouvrages intitulés L’Œil de l’histoire et dont les derniers abordent la question de l’« exposition des peuples » ainsi que de l’émotion à ne pas exclure d’une anthropologie politique.


La bande-annonce de l'exposition

Soulèvements
du 18 octobre 2016
au 15 janvier 2017
Jeu de Paume, Paris

Le Jeu de Paume étant un centre de l’image, il nous semble urgent et cohérent par rapport à sa responsabilité vis-à-vis de la société de réactualiser l’analyse des conditions historiques où se sont développées la photographie et l’image en mouvement durant les périodes moderne et postmoderne avec toutes leurs possibilités, provocations et contestations. […]

C’est dans cette perspective que la magnifique proposition du philosophe et historien de l’art Georges Didi-Huberman de concrétiser, sous la forme d’une exposition, ses recherches autour du thème des « Soulèvements » nous a paru un défi intellectuel, muséographique et artistique idéal. Si la notion de révolution, de rébellion ou de révolte n’est pas étrangère au vocabulaire de la société contemporaine, leurs objectifs, leurs gestes souffrent eux d’amnésies et d’inerties collectives. Pour cette raison, analyser les formes de représentation des « Soulèvements », depuis les gravures de Goya jusqu’aux installations, peintures, photographies, documents, vidéos et films contemporains, apparaît d’une pertinence sans équivoque dans le contexte social qui est le nôtre en 2016. […]

Marta Gili, directrice du Jeu de Paume

Après sa présentation au Jeu de Paume, l’exposition sera accueillie par différentes institutions internationales :

Ce qui nous soulève ? Ce sont des forces : psychiques, corporelles, sociales. Par elles nous transformons l’immobilité en mouvement, l’accablement en énergie, la soumission en révolte, le renoncement en joie expansive. Les soulèvements adviennent comme des gestes : les bras se lèvent, les cœurs battent plus fort, les corps se déplient, les bouches se délient. Les soulèvements ne vont jamais sans des pensées, qui souvent deviennent des phrases : on réfléchit, on s’exprime, on discute, on chante, on griffonne un message, on compose une affiche, on distribue un tract, on écrit un ouvrage de résistance.

Ce sont aussi des formes grâce auxquelles tout cela va pouvoir apparaître, se rendre visible dans l’espace public. Ce sont donc des images, auxquelles cette exposition est consacrée. Images de tous temps, depuis Goya jusqu’à aujourd’hui, et de toutes natures : peintures, dessins ou sculptures, films ou photographies, vidéos, installations, documents… Elles dialoguent par-delà les différences d’époques. Elles sont présentées selon un récit où se succèdent : des éléments déchaînés, quand l’énergie du refus soulève l’espace tout entier ; des gestes intenses, quand les corps savent dire « non ! » ; des mots exclamés, quand la parole s’insoumet et porte plainte au tribunal de l’histoire ; des conflits embrasés, quand se dressent les barricades et que la violence devient inévitable ; enfin des désirs indestructibles, quand la puissance des soulèvements parvient à survivre au-delà de leur répression ou de leur disparition. De toutes les façons, chaque fois qu’un mur se dresse, il y aura toujours des « soulevés » pour « faire le mur », c’est-à-dire pour traverser les frontières. Ne serait-ce qu’en imaginant. Comme si inventer des images contribuait – ici modestement, là puissamment – à réinventer nos espoirs politiques.

Georges Didi-Huberman, commissaire de l’exposition

Né en 1953, Georges Didi-Huberman est un philosophe et historien de l’art. Maître de conférences depuis 1990, il enseigne à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales. En 2015, le prix Theodore W. Adorno qui récompense les contributions exceptionnelles dans les domaines de la philosophie, de la musique, du théâtre et du cinéma lui est décerné.
Georges Didi-Huberman est depuis 1982 l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages et d’essais mêlant philosophie et histoire de l’art, comme L’Oeil de l’histoire, composé de 6 tomes publiés entre 2009 et 2016.
Depuis l’exposition « Atlas–Comment porter le monde sur son dos ? », présentée successivement à Madrid, à Karlsruhe et à Hambourg en 2011, Georges Didi-Huberman a été co-commissaire de l’exposition « Nouvelles histoires de fantômes » au Palais de Tokyo en février 2014 avec Arno Gisinger.