18/10/2016 — 15/01/2017

Résistances numériques

À l’occasion de l’exposition « Soulèvements », la journaliste Marie Lechner présente « Résistances numériques », un choix de projets explorant la thématique du soulèvement dans le domaine d’Internet et des réseaux sociaux.

« Autrefois on affrontait l’autorité de la rue par les manifestations et sur les barricades ; aujourd’hui il faut affronter l’autorité de l’espace électronique par la perturbation électronique », écrit dès 1994 le Critical Art Ensemble dans son essai fondateur The Electronic Disturbance. Le collectif américain qui explore les croisements entre art, technologie et politique fut le premier à conceptualiser l'idée de « désobéissance civile électronique », conscient que le capitalisme dans un monde postindustriel était d’abord celui des flux.

Dans sa foulée, de nombreux artistes et hacktivistes ont commencé à explorer les possibilités de ce nouvel espace de contestation et à imaginer d'autres manières de résister, des sit-ins virtuels de l’Electronic Disturbance Theater aux attaques DDoS de l’hydre Anonymous. Si les débuts d’Internet semblaient annoncer l’avènement d’une agora électronique, promesse de plus de démocratie, de participation et de pouvoir pour la société civile, cette utopie du siècle dernier n’aura pas survécu à la marchandisation du réseau et à sa transformation en infrastructure de contrôle par les États et les géants du web, comme l'ont révélé les lanceurs d'alerte.

À mesure qu'Internet s'échappait des écrans fixes du bureau pour s'épancher dans l'espace urbain avec la généralisation des technologies sans fil, innervant les rues, celles-ci, en tant que théâtre du politique, sont désormais à nouveau au centre de l'attention. En témoignent les soulèvements récurrents et spectaculaires débutés en 2011 avec les révolutions arabes.

Ces cinq chapitres n'ont pas vocation à dresser un panorama exhaustif de ces nouvelles formes de contestation numérique mais d'en documenter certaines facettes (de la désobéissance civile électronique au whistleblowing ), en s'appuyant sur une sélection de projets et d'archives, au croisement de l'art, de l'hacktivisme, de la recherche ou de la théorie politique. M. L.